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EHGEL : de l’Encyclopédisme Historique au Geste Éditorial en Ligne

Projet en cours d’élaboration.
Porté par Fabrice Issac, université Paris 13, LDI (Lexiques, Dictionnaires, Informatique).
Durée estimée : deux ans.
En partenariat avec les projets Crealscience et ENCCRE.

La diffusion des savoirs, anciens et contemporains, s’appuie désormais sur de nouvelles modalités grâce au numérique : l’exemple le plus représentatif est la construction collaborative et participative, sur le mode de Wikipédia, qui repose sur des forums et la volonté affichée d’une neutralité parfois difficilement compatible avec la réalité de la science et les controverses inhérentes à la construction de savoir. Il faut aussi ajouter les réalisations récentes des humanités numériques : diffusion en ligne de corpus numérisés au travers de bibliothèques et d’éditions numériques.

Ces différents modes de diffusion permettent l’accès à des savoirs, anciens ou récents, dont le partage semble facilité, faisant ainsi naître un nouvel encyclopédisme, construit non plus par la seule volonté de quelques auteurs, faisant autorité par leur expertise scientifique, mais reposant aussi sur la disponibilité de sources, des médiations techniques et une apparente transparence de l’objet-savoir ainsi mis en ligne.

Or, si le modèle de Wikipédia paraît particulièrement efficace pour faire circuler des représentations largement échangées sur des savoirs relatifs à l’actualité, en évolution et en réajustement permanent par rapport à l’actualité, la diffusion du savoir ancien est souvent réduite à la reproduction d’un texte numérisé, dans une imitation de la diffusion par le livre, donnant un état du texte dont la lecture, apparemment facilitée, ne signifie pourtant pas une accessibilité effective.

Entre modèle encyclopédique ancien et potentialités du web et du numérique, il s’agit donc de comprendre et d’analyser le geste éditorial de l’encyclopédiste, de pénétrer « la fabrique encyclopédique » par l’élaboration d’un réseau de savoirs et de chercheurs, centré sur l’encyclopédisme d’hier à aujourd’hui.

Crealscience, le Dictionnaire du Français Scientifique Médiéval
Ce questionnement se développe à partir de réalisations scientifiques et techniques notamment le Dictionnaire du Français Scientifique Médiéval au sein du projet ANR CréaLScience à découvrir avec deux vidéos : une présentation du projet et de l’éditeur en ligne.
Voir aussi Ducos Joëlle, Salvador Xavier-Laurent, « Pour un dictionnaire de français scientifique médiéval : le projet Crealscience. », Langages 3/2011 (n° 183) , p. 63-74.

Objectifs

Deux objectifs principaux sont visés :
- constituer une plate-forme technologique commune ;
- mener une réflexion critique autour des encyclopédies créées par les chercheurs au confluent de l’historicité de de la modernité.

Rencontre scientifique et méthodologique du 20 janvier 2016


Le 20 janvier 2016, Fabrice Issac (Paris 13) et Joëlle Ducos (Paris 4) ont organisé et animé une rencontre à la Maison de la Recherche à Paris. Cette journée a permis de rassembler des chercheurs européens, acteurs de projets et de stimuler des échanges afin d’envisager les modalités d’une pratique scientifique collaborative.


Informatique et langues anciennes
Cette rencontre poursuit les objectifs visés déjà lors d’un colloque organisé en 2014 à partir du constat que "les études sur les états anciens des langues ont bénéficié, comme beaucoup d’autres disciplines, de l’apport des outils et méthodes issus du numérique. Il existe maintenant de nombreux corpus, lexiques, outils d’aide à l’édition, outils d’analyse adaptés à ces problématiques." Associant méthodologies dictionnairiques et informatiques avec pour cadre le français médiéval (XIIe-XVe siècle), le projet Crealscience a pour ambition de fournir un inventaire des créations terminologiques.

La rencontre internationale organisée en 2014 avait déjà pour objectif de réunir des chercheurs autour de ce type de projets, de croiser les connaissances et de favoriser les échanges interdisciplinaires entre chercheurs de communautés scientifiques différentes. Ainsi les études présentées lors du colloque de 2014 comme lors de la journée de janvier 2016 tissent des liens serrés entre les disciplines en associant les questionnements informatiques, dictionnairiques et lexicographiques dans le domaines des langues anciennes : latin, grec, langues européennes du Moyen Âge.

Une pratique collaborative pour dépasser des difficultés techniques et développer des questionnements théoriques

Cette rencontre, dans le cadre du projet UDPN, a permis de présenter les nouveaux développements des outils et projets présentés en 2014 et de préciser les difficultés rencontrées.

Mutualiser pour ne pas refaire ce qui a été fait, pour perfectionner les outils existants en étendant leur usage à d’autres corpus, et enfin pour établir des liens entre corpus, disciplines, ressources et communautés scientifiques.

Déterminer les questions théoriques à investir est nécessaire pour poursuivre cette démarche de mutualisation qui lors de cette rencontre s’étendait de la linguistique diachronique à l’histoire des mathématiques.

La question de la lemmatisation a notamment été abordée, en en soulignant la fécondité tant au point de vue du développement technique que du questionnement théorique. Son caractère décisif a conduit à esquisser l’idée de l’établissement de principes communs de lemmatisation.

Réciproquement, il est aussi apparu nécessaire d’être attentif au développement d’un usage éclairé sur les problématiques de la recherche informatique en jeu dans la réalisation d’outils pour l’étude des langues.

Les principes de conception d’outils informatiques au service des études de langues anciennes

En soulignant la coordination entre les difficultés des réalisations techniques et le développement des questionnements théoriques, ont été pointés les principes qui doivent diriger la réflexion méthodologique dans la conception des outils adéquats à des études de langues anciennes depuis des perspectives scientifiques distinctes.

Ainsi les principes de pérennité, interopérabilité, "moissonnabilité", ont été rappelés en posant la question de la sauvegarde, de la structuration et de la visualisation des données, mais aussi celle de l’"ergonomie numérique" d’un dictionnaire.

Diffusion, Autorité, Publics

Au cours des échanges, la mise en commun est apparue comme un élément de stratégie de dépassement des difficultés de mise en correspondance entre les financements fractionnés sur des périodes courtes et le temps long de la recherche, la pérennité des outils et avec elle, la sauvegarde des corpus, des éditions et aussi des résultats des recherches. Cette perspective collaborative a aussi conduit à poser la question de l’autonomie des projets et de l’indépendance des chercheurs qui le mènent et le réalisent.

Les enjeux d’une réflexion méthodologique et juridique sur les modalités de leur diffusion ont ensuite été abordés. La question de l’édition numérique mène à celle des nouveaux publics qui peuvent être atteints.

D’abord au sein de la communauté scientifique, il faut ainsi concevoir des outils pour des usages scientifiques multi-disciplinaires tout en interrogeant la nature interdisciplinaire de leur élaboration.
Ensuite la nature numérique de tels objets confronte à un phénomène d’’extension du public qui ne se limite pas à la sphère scientifique et conduit à envisager de nouveaux usages des outils de l’investigation scientifique comme de ses résultats.


Interventions lors de l’atelier


Ramon Masia Fornos : « Ressources pour la création d’un tagger morphosyntaxique pour le Grec Classique : le cas des textes mathématiques »

C. Szece (KUL-Leuven), G. Souvay et Michèle Goyens (KUL-Leuven) : « ChROMED : un corpus de textes médiévaux développé en collaboration avec le DMF et son exploitation morphologique lexicale »

Sylvie Bazin (université de Lorraine) : « La nouvelle version du Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) » avec la présentation du lemmatiseur et du lexique morphologique

Earl Jeffrey Richards Bergische Universität Wuppertal (Professeur études romanes) : « les variantes mises en réseau : le cas de la Vie de Sainte-Marie L’Egyptienne »

Elisa Guadagnini (CNR Institute Opera del Vocabolario Italiano) : « Le lexique scientifique en perspective romane : l’apport du Tesoro della Lingua Italiana delle Origini et des bases de données de l’OVI (Istituto Opera del Vocabolario Italiano) »

Martin Glessen : « L’intégration d’une édition dans un logiciel d’exploitation »

Ana Gomez Rabal : « Dictionnaire et corpus du Glossarium Mediae Latinitatis Cataloniae : un essai d’intégration en lexicographie latine médiévale »

Yela Schauwecker : « La folie très régulières des graphies anglo-normandes »

Fabrice Issac, Xavier Laurent Salvador : « Du connu vers l’inconnu », Présentation d’Isilex un outil original qui rassemble les fonctionnalités d’un serveur web, d’un CMS et d’une base de données.
Voir une vidéo de présentation d’Isilex.

/ Image : capture d’écran du site Crealscience, juin 2015.

Dispositif envisagé en lien avec UDPN

- organisation de quatre journées d’étude
- rencontres de spécialistes internationaux.