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Geneviève VIDAL

Etudier les usages numériques culturels

« Les notions de « patrimoine », d’ « usages », de « public » doivent sans cesse être interrogées et précisées, dans le contexte de l’informatisation sociale et de l’appropriation des technologies d’information et de communication numériques. La question peut ainsi être la suivante : les usages professionnels recoupent-ils les usages savants, pris dans une potentielle confusion avec les usages amateurs, experts ou profanes, pouvant être appelés usages populaires ?
Sur l’internet, le protocole client-serveur permet la circulation et la publication des données, mais les usages « savants » ou « populaires » peuvent également s’appuyer sur des réseaux de pairs-à-pairs (P2P), qui déploient des contributions relatives aux contenus culturels. Ces usages P2P sont considérés comme pirates, illégaux et sont très intéressants à étudier. La question juridique est évidemment essentielle, mais celle du droit d’usage est à relever. Les usages des amateurs de musique par exemple, notamment des expatriés cherchant à garder le lien avec leur pays d’origine par l’échange de contenus musicaux sur ces réseaux, éclairent une appropriation à considérer dans le cadre de l’analyse des pratiques numériques culturelles. Au delà de l’étude d’usages numériques culturels, leurs significations sont à analyser pour saisir l’ambivalence d’usages, la posture réflexive et critique des publics de la culture. Ces derniers appréhendent le numérique comme un moyen pour accéder au patrimoine culturel, voire même à l’insaisissable immensité des données patrimoniales. Entre confusion et frustrations, les usagers contournent les difficultés, attendent des usages intuitifs et en même temps des repères pour aisément consulter et exprimer leurs subjectivités ou expertises. Nous retrouvons ici les usages savants, populaires, ou éclairés, profanes.
Nous avons sans doute à l’heure actuelle affaire à de nouvelles formes de diffusion culturelle, tenant compte des usages participatifs des publics du patrimoine culturel, sur l’internet et dans l’enceinte des institutions. Les relations entre les professionnels de la culture et les publics évoluent par l’intermédiaire des technologies numériques et composent désormais avec un double mouvement endogène et exogène des contenus, patrimoniaux et profanes. Les usages professionnels stimulent du reste ce mouvement, tout en cherchant à maîtriser la situation de communication numérique, notamment avec un web des données en phase de développement dans le secteur patrimonial. »

Biographie/Bibliographie

Enseignante-chercheure, habilitée à diriger des recherches, en Sciences de l’Information et de la Communication, Geneviève Vidal est membre du Labsic à l’Université Paris 13. Ses recherches portent sur les usages des technologies interactives dans le secteur culturel.
/ Elle a publié en 2006 Contribution à l’étude de l’interactivité. Les usages du multimédia de musée, aux Presses Universitaires de Bordeaux.
/ En 2008, elle a coordonné avec Fabrice Thuriot l’ouvrage Patrimoine et Mondialisation, Préface de Jean-Pierre Warnier, aux Editions L’Harmattan.
/ En 2010, elle a obtenu son habilitation à diriger des recherches « Le renoncement négocié. Pour une analyse dialectique des usages des technologies interactives », à l’Université Bordeaux 3 avec le Professeur André Vitalis.
/ En 2012, elle a dirigé l’ouvrage La sociologie des usages : continuités et transformations, Hermes Sciences publications, Lavoisier.
Elle mène régulièrement des études d’usages numériques dans les musées.

Contact

/ Mél. : Geneviève Vidal - gvidal(a)sic.univ-paris13.fr