Thèse de doctorat en Sciences de l'information et de la communication
Sous la direction de Claude Patriat.
Soutenue en 1998
à Dijon.
L'hypothèse est proposée d'une convergence entre la patrimonialisation anticipée de l'art contemporain et l'inscription documentaire des oeuvres, favorisée a la fois par les techniques hypermédias et le contexte d'industrialisation progressive de la culture. Ces techniques d'archivage et de diffusion numériques sont comprises pour leurs proprietés documentaires par les professionnels du musée alors qu'elles sont destinées au grand public parées de l'idéologie du virtuel. Plus fondamentalement, la prégnance tendantielle d'un regard documentaire sur l'art crée les conditions de possibilité de la pénétration des technologies numériques dans la sphère patrimoniale; en retour, celles-ci accentuent cette documentarisation du patrimoine en proposant une accessibilité aux ressources d'images et d'informations associées, patrimoine universel toutes époques et regions confondues, désormais disponible selon un mode d'équidistance spatiale et temporelle dans une visée d'exhaustivité. Ces transformations sont envisagées au regard d'une mise en perspective historique d'une fabrique institutionnelle du patrimoine qui s'instaure avec la révolution française. Le régime contemporain de patrimonialisation des oeuvres d'art se distingue dès lors car il apparait réglé sur une anticipation qui se manifeste dans tous les secteurs de la production sociale et culturelle touchés par une pratique de patrimonialisation extensive.