Fabula, la recherche en littérature (appels)

Processus de création et archives du spectacle vivant : manque de traces ou risque d’inflation mémorielle ?

Appel à contribution

Information publiée le lundi 3 février 2014 par Emilien Sermier (source : le laboratoire Théâtre, Equipe EA 3208 Arts : Pratiques et poétique, université Rennes 2)

Date limite : 15 avril 2014

 

Processus de création et archives du spectacle vivant : manque de traces ou risque d’inflation mémorielle ?

Colloque international avec publication des actes organisé par le laboratoire Théâtre, Equipe EA 3208 Arts : Pratiques et poétique, université Rennes 2

sous la direction de Sophie Lucet, professeure en études théâtrales.

 

Dates : 15, 16 et 17 octobre 2014

Lieux de la manifestation : Université Rennes 2 et Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 

En partenariat avec l’université de Montréal, l’université de Poznan, l’université Lille 3, le Théâtre National de Bretagne, les Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine

À l’école de la création, l’acteur apprend qu’écouter l’autre, c’est fonder sur la parole de l’autre des réponses constitutives de sa propre identité.

Alain Knapp, Entretien, in Josette Féral, Mise en scène et jeu de l’acteur, Montréal, Editions Jeu / Editions Lansman, 1997, p. 143.

 

La récente émergence des études sur la mémoire et la réévaluation des liens entre histoire et mémoire – dont témoignent par exemple les ouvrages de Paul Ricoeur (La mémoire, l’histoire, l’oubli, 2000) ou Enzo Traverso (Le passé, modes d’emploi, 2005) – est concomitante du renouvellement de la nature et des usages des archives. Une crise de la mémoire numérique telle que la décrit Emmanuel Hoog (Mémoire année zéro, 2009) viendrait s’ajouter à cette première évolution ; dès lors, l’apparition de nouveaux outils serait à l’origine d’un risque d’inflation mémorielle interrogeant les modalités mêmes de la conservation du passé.

Caractérisé par la nature événementielle d’un art qui survit dans la mémoire de ses témoins et de ses praticiens, le champ des études théâtrales est particulièrement concerné par ces mutations. Bien plus, la mise en avant depuis les années 1960 de la dimension performative de créations – qui se présentent comme processus plutôt que comme œuvres achevées – a  pu inciter les chercheurs à renouveler les outils et les données qu’ils mobilisent pour les appréhender. Dans le sillage de la génétique littéraire, les années 1990 ont vu émerger la génétique théâtrale qui, en se penchant sur le processus de création dans les arts du spectacle, pose la question de la nature et du statut des « brouillons » dans un art collectif dont le support n’est pas seulement écrit mais aussi vivant.

Ce mouvement implique un élargissement important des sources considérées comme nécessaires pour rendre compte du processus du geste de création, sources que le chercheur peut non seulement recueillir mais aussi susciter en utilisant divers modes d’enregistrement et de captation que la mémoire numérique permet de stocker, sans limites. Il est désormais possible de participer à une vaste collecte de traces de multiples sortes, voire de procéder à la constitution d’une documentation qui semble avoir un « devenir » d’archives. Il peut s’agir des « brouillons » de la création (Almuth Grésillon, Marie-Madeleine Mervant-Roux, Dominique Budor, Genèses théâtrales, 2010), des notes de metteurs en scène, d’assistants à la mise en scène ou de chercheurs, d’observations de répétitions par des chercheurs ou d’autres mémoires vivantes d’artistes et de spectateurs sous forme d’enregistrements audio ou vidéo, etc.

La question se pose alors dans une temporalité plurielle :

  • Quels choix faire au moment de recueillir et de créer ce type de traces du processus de création ?
  • Quelle sélection opérer lors de la numérisation de ces traces ? Comment constituer une archive du processus de création ?
  • Quels outils convoquer ensuite afin de rendre cette archive exploitable ?
  • Quelles perspectives épistémologiques peuvent-elles ouvrir pour la recherche en arts du spectacle, et le dialogue entre artistes, chercheurs et archivistes ?
  • Comment résoudre le paradoxe du manque de traces pour certaines productions artistiques sans tomber dans le piège de l’inflation mémorielle ?

Pour répondre à la question du possible archivage du geste créateur dans le domaine des arts du spectacle, nous mêlerons les approches génétique, historiographique, philosophique, psychanalytique, épistémologique et esthétique, selon trois axes majeurs :

Axe 1 : Nature et usages des archives

Comment penser, écrire et ordonner  les traces de la création ? Telle est la question qui animera nos réflexions croisées et nous permettra d’esquisser une typologie des traces du processus créateur ; d’inventorier les modalités de conservation et d’invention de la mémoire ; de penser, en lien avec les mutations des formes spectaculaires, le nécessaire renouveau de l’archivage des traces de la création.

Axe 2 : Théories et pratiques : « à l’école de la création » ?

S’intéresser à l’archivage des processus de création nécessite sans doute de repenser les places et fonctions des chercheurs, archivistes, artistes. Il s’agira de questionner les théories et pratiques relatives aux traces mémorielles de la création contemporaine à l’aune des apports les plus récents de la génétique du spectacle. Qui crée les documents qui seront peut-être les archives de demain ? Quels sont les apports respectifs des chercheurs, archivistes et artistes dans la production de ces traces ? En quoi l’intérêt pour le processus de création plutôt que pour l’œuvre achevée rapproche-t-il les savoirs académiques et les savoirs implicites, les théories analytiques et les théories de la production, selon les termes de Josette Féral (Théorie et pratique du théâtre, l’Entretemps, 2011) ?

Axe 3 : Archives en corps

Les notions d’archive incorporée ou d’archive vivante prennent aujourd’hui une importance nouvelle dans le domaine des arts du spectacle. « L’acteur », dit Patrice Pavis, « archive en lui ses anciens rôles, il les entretient, les rejoue, les compulse, les compare, les réfère à son expérience passée et présente. (…) Or c’est cette mémoire vivante du théâtre qui est le bien le plus précieux, le trésor qui échappe aux médias et concerne le souvenir à vif du spectateur : à l’époque de la mémoire électronique, du film et de la reproductibilité, le spectacle théâtral s’adresse à la mémoire vivante, laquelle n’est pas musée mais métamorphose » (L’analyse des spectacles, Nathan, 1996). Mais, et selon les termes de Jacques Derrida (Mal d’archive, Galilée, 2008) « que devient l’archive quand elle s’inscrit à même le corps dit propre ? » Cette archéologie du savoir implicite est-elle susceptible de devenir « une autre manière de raconter » le théâtre, selon les termes de Patrice Pavis ? Comment se transmettent les techniques incorporées et les répertoires dans le domaine de la danse ou de la performance ? Quel sens prend alors la notion de transmission ? Les archives vivantes se font-elles la source de nouvelles créations ? Comment avoir accès aux savoirs implicites des artistes ou des spectateurs ?

 

Comité scientifique :

Rémy Besson, postdoctorant sur le projet « Archiver à l’ère du numérique », université de Montréal

Bénédicte Boisson : MCF en études théâtrales, université Rennes2

Marion Denizot : MCF en études théâtrales, université Rennes2

Josette Féral : PR en études théâtrales, universités Paris 3 et UQÀM

Claude Jeay : directeur des archives départementales d’Ille-et-Vilaine

Jean-Marc Larrue : PR en études théâtrales au département des littératures et langue française, université de Montréal

Delphine Lemonnier-Texier : MCF en études anglophones, université Rennes 2

François Le Pillouer : directeur du Théâtre National Bretagne

Sophie Lucet : PR en études théâtrales, université Rennes2

Brigitte Prost : MCF en études théâtrales, université Rennes2

            Sophie Proust : MCF en études théâtrales, université Lille3

Comité d’organisation :

Flore Augereau : doctorante en études théâtrales, université Rennes2

Bénédicte Boisson : MCF études théâtrales, université Rennes2

Laurence Bouvet-Lévêque : responsable cellule recherche Arts Lettres et Langues, université Rennes2

Nelly Brégeault : secrétaire cellule recherche Arts Lettres et Langues, université Rennes2

Marion Denizot : MCF en études théâtrales, université Rennes2

Mathilde Dumontet : doctorante en études théâtrales, université Rennes2

Alexandra Gaudechaux : doctorante en études théâtrales, université Rennes2

Jeanne Le Gallic : doctorante en études théâtrales, université Rennes2

Séverine Leroy : doctorante en études théâtrales, université Rennes2

Sophie Lucet : PR en études théâtrales, université Rennes2

             Sophie Proust : MCF en études théâtrales, université Lille3

 

INFORMATIONS PRATIQUES

Nous acceptons des communications de 25 minutes. La langue du colloque est le français mais les communications en anglais sont possibles. Les propositions (1500 signes espaces compris) comporteront un titre et le nom de l’auteur ainsi que son université de rattachement et une brève bio-bibliographie (600 signes espaces compris). Elles devront parvenir en format Word ou PDF.

Merci de bien vouloir indiquer dans quel axe vous souhaitez inscrire votre proposition.

Axe 1 : Nature et usages des archives

Axe 2 : Théories et pratiques : « À l’école de la création ? »

Axe 3 : Archives en corps

Les propositions de communication peuvent concerner tous les arts de la scène.

Les propositions devront parvenir au plus tard le 15 avril 2014 à l’adresse suivante : colloque.theatre.rennes2@gmail.com

Les auteurs recevront une réponse début juillet 2014.

Informations pratiques : les frais de transports sont à la charge des communicants. L’équipe organisatrice prendra en charge les frais de restauration ainsi qu’une nuit d’hôtel pour chaque communicant.




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