Séance du 18 avril – Arts numériques avec Marina Ledrein & Emma Reel

Date 2 avril 2013

Enjeux contemporains autour des arts numériques 

SÉANCE DU JEUDI 18 AVRIL 2013  PAR ARNAUD MAÏSETTI ET SHIRLEY NICLAIS (DOCTORANTS PARIS 7)

Horaire et lieu
18h – 20h
Université Paris Diderot – Paris 7
Bâtiment des Grands Moulins : salle 682 bâtiment C  (6e étage)
Esplanade Pierre Vidal-Naquet (en face de Bétonsalon et de la Halle aux farines)
Paris 13e arrondissement
M° ligne 14 ou RER C – arrêt Bibliothèque François Mitterrand 
Bus 89 – 62 – 64 – 325
 
 

Espace contemporain et du contemporain, le numérique a modifié en profondeur le rapport que l’on pouvait avoir avec le temps présent, multipliant les épaisseurs possibles de présents et de présences, il ne cesse aussi d’œuvrer avec le contemporain, et nombre d’artistes aujourd’hui en font œuvre.

Espace d’usage et de multiplicité, internet n’est pas fondamentalement un territoire donné de l’art, institutionnel et conçu pour des démarches artistiques, mais se déploie cependant depuis longtemps en un vaste lieu de création, sous toutes ses formes. Qu’il reprenne ainsi d’anciens usages de l’art — se donnant pour tâche d’être un espace de visibilité ou un média — ou qu’il produise des pratiques artistiques neuves, internet tend à redéfinir tout à la fois les pratiques, les domaines  d’interventions, les outils, les modes de ses réflexions, et ses relations avec son dehors. Avec internet, c’est sur une même surface que se donnent à voir l’œuvre et ses outils, l’atelier et la galerie, l’art et les données de l’art. Internet est un flux permanent d’informations, le moyen d’un échange, d’une communication qui réduit théoriquement espace et temps à zéro : un lieu personnel mais d’usage commun ; un espace public où se tiennent des conversations privées ; un enjeu politique où des pratiques intimes ne cessent d’évoluer — un vaste territoire où la représentation est au cœur même d’une dialectique réelle et virtuelle que n’altère aucune tentative normative, juridique, idéologique.

Alors que l’image se fond dans le code informatique et tend à se dématérialiser, jusqu’à dématérialiser la création elle-même, certains artistes parviennent à conserver cette magie de l’aléatoire et du hasard en imaginant de nouveaux supports qui prennent à contre-pied la digitalisation de leur pratique. A la lumière des nouvelles possibilités techniques et technologiques qu’offre le numérique, le cinéma d’animation peut s’interroger comme art du manque et des intervalles abstraits. Travailler l’image par image revient à interroger l’inconscient du cinéma lui-même en tant qu’il est lui aussi construit image par image, de parcelles de vides et d’immobilités falsifiées.

Alors, le numérique, espace ? Ou usage ? Il n’est en fait réductible à aucune démarche déterminée par cet espace transitoire, éphémère et mémoriel qu’est le code informatique — et c’est bien parce qu’il nous donne à voir un contemporain à l’œuvre, qu’internet et le numérique, dans leurs pratiques artistiques croisent arts plastiques, textuels, photographiques, cinématographiques, et permettent aussi de reconsidérer la question de l’auteur.

C’est au cœur de ces démarches et de ces interrogations que nous invitons dans le cadre de notre séminaire deux artistes — un écrivain et une plasticienne vidéaste — qui font du numérique et de l’immatériel leur espace d’invention et de recherche, où l’écriture s’élabore sur internet dans une plasticité qui touche l’écriture aussi bien que son auteur ; où l’art plastique est aussi un récit d’écriture sur le corps numérique de ceux qui l’inventent.

Marina Ledrein

Marina Ledrein, “Les blessures des arbres”, 2012 – courtesy de l’artiste 

Née en 1973, écrivain, journaliste, et plasticienne du numérique, Emma Reel est présente sur internet depuis 1992, où elle ne cesse d’expérimenter de nouvelles formes d’écritures. En 2012, Le Seuil publie son projet littéraire Ah., premier ouvrage de littérature en langue française sous forme exclusivement numérique publié par une maison d’édition traditionnelle. Récit érotique questionnant la question du corps féminin en prise avec la maladie aussi bien qu’expérimentation d’une écriture fictionnelle numérique et plastique, Ah. déploie sa narration au sein d’un dispositif hypertexte à la fois labyrinthique et sensible, captif et radical. Les difficultés inhérentes à l’apparition de la littérature numérique – en particulier la question des supports, des formats, du matériel, l’ont amenée entre autres à prendre position contre les DRM et à défendre les apports de l’open source aux pratiques artistiques. La réflexion sur l’avenir des technologies lui semble ainsi indissociable de la pratique d’une écriture numérique. A ce titre, elle mène parallèlement d’autres projets, qui tentent de questionner l’apport de la géolocalisation à la littérature de voyage, ou qui s’interrogent sur les métamorphoses de l’énonciation au contact des dispositifs virtuels. Son site est un territoire de fictions multiples, et l’enjeu d’un questionnement permanent sur les frontières des identités et les articulations complexes entre l’auteur et ses lecteurs : http://emmareel.net/

Jeune plasticienne et vidéaste, Marina Ledrein est spécialiste du cinéma d’animation. A partir d’images numérisées à l’aide d’un scanner, elle explore l’animation comme art des intervalles, des entre-deux et des noirs, et place ainsi le manque au centre de sa pratique.  Ses vidéos s’intègrent à des installations aux matériaux délicats pour mieux penser l’identité de la femme, et la fragilité du corps.

Son dernier projet, Les Blessures des Arbres, exposé pour les Nuits Blanches d’Amiens en 2012, s’est construit autour d’un texte choisi par l’artiste et son modèle, qui a subi très jeune une ablation des ovaires. Consacré au processus de cicatrisation de l’écorce, ce texte rédigé par le ministère de l’agriculture en 1941 se voit quelque peu falsifié, à peine retouché, pour qu’apparaisse un parallèle troublant et poétique avec les douleurs de la féminité. www.marinaledrein.com


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